Un billet de dix euros oublié dans la doublure d’une veste, retrouvé après deux ans : la surprise amuse, mais l’érosion du temps fait grincer des dents. Aujourd’hui, cette petite somme se fane discrètement sous l’effet de l’inflation. Demain, que pèsera-t-elle, laissée à l’abandon, face à la cavalcade des prix ? Pendant que les marchés jouent aux montagnes russes et que le Livret A ronronne à bas régime, mettre la main sur un rendement de 6 % frôle l’obsession moderne.
Mais cette ambition n’a rien d’une chimère. Derrière les sigles et les promesses, des solutions existent pour ceux qui osent sortir du rang. Encore faut-il accepter d’analyser froidement les règles du jeu… et de mesurer chaque risque avant de viser la performance.
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Pourquoi viser un rendement de 6 % en 2024 ?
Chasser un rendement de 6 % dans le labyrinthe des placements financiers français, c’est refuser la stagnation. Le Livret A plafonne à 3 % cette année. Les fonds en euros peinent à dépasser 3 %. Même le LEP, réservé à une poignée de privilégiés, a effleuré ce chiffre, mais reste inaccessible à la grande majorité. En somme, viser 6 % revient à chercher la vraie croissance, celle qui compense vraiment la hausse générale des prix.
Impossible de dénicher ce taux sur les produits d’épargne classiques. Il faut explorer des terrains plus remuants. Les SCPI affichent, selon les années, des rendements allant de 4 % à 6 %. Les actions cotées, sur le temps long, peuvent offrir 5 à 7 % annuels : la discipline, ici, prime sur l’adrénaline. Le private equity, lui, tutoie les sommets avec plus de 13 % en moyenne sur dix ans, mais gare à la liquidité, qui se fait rare, et aux risques démultipliés.
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- Les placements garantis n’offrent plus de quoi protéger l’épargne contre l’inflation.
- Un objectif de 6 % exige d’accepter un risque supérieur et de s’impliquer activement dans la gestion de ses actifs.
- La fiscalité et les frais grignotent la performance : chaque point gagné doit être scruté à la loupe.
Vivre avec un objectif de 6 % revient à sortir du cocon des livrets pour s’exposer, avec doigté, à des placements financiers plus vifs, moins dociles, mais infiniment plus prometteurs.
Panorama des placements financiers capables d’atteindre ce seuil
Qui veut atteindre le graal des 6 % devra choisir sa monture avec soin. Le marché des SCPI s’est réveillé : en 2024, la SCPI Comète caracole à 11,18 %, Mistral Sélection affiche 8,59 %, Transitions Europe 8,25 %, Remake Live 7,5 %, Iroko Zen 7,32 %. Plus d’une quinzaine de SCPI dépassent ou frôlent la barre symbolique, preuve de la vitalité retrouvée de la pierre-papier.
- Le private equity reste champion toutes catégories, avec 13,3 % de rendement moyen sur dix ans, mais il s’adresse aux investisseurs capables de patienter et de supporter l’illiquidité.
- Les club deals immobiliers et certains produits structurés promettent, selon le contexte, entre 6 et 13 %, à condition d’une gestion sans faille et d’un environnement favorable.
L’investissement locatif, si l’opération est bien montée et financée intelligemment, peut franchir ce seuil, en particulier en régions ou sur des créneaux spécialisés. Côté fonds, les FCPR comme Eiffel Infrastructures Vertes (6,72 % en 2023) ou Entrepreneur & Rendement 8 (objectif 7 % annuel) montrent l’essor des produits orientés infrastructures ou dette privée.
Sur le terrain boursier, les actions restent une option solide pour qui sait encaisser les secousses, avec un rendement moyen de 5 à 7 % sur le long terme. À la clé : volatilité, mais potentiel de gain réel.
Le choix de l’actif n’est jamais neutre. Il détermine le type de risque pris, la rapidité de revente possible, et la manière dont la fiscalité viendra rogner le gain. L’enjeu : trouver l’équilibre entre performance, exposition et contraintes, pour bâtir une stratégie qui tienne la route.
Quels risques et contraintes faut-il anticiper avant d’investir ?
Courir après un rendement de 6 % n’a rien d’un parcours balisé. Les risques sont bien plus marqués qu’avec les livrets ou l’assurance vie en fonds euros. La possibilité de perte en capital doit être acceptée, surtout sur les actions, les SCPI et le private equity. Les marchés peuvent tanguer, l’immobilier peut traverser des tempêtes, et les entreprises financées via le capital-investissement ne sont jamais à l’abri d’un revers brutal.
- La liquidité fait souvent défaut : céder des parts de SCPI, sortir du private equity ou vendre un bien locatif prend du temps, parfois plusieurs mois.
- Les produits structurés comportent des scénarios où le capital peut fondre, selon l’évolution des marchés.
La fiscalité et les frais de gestion ponctionnent le rendement brut : comptez jusqu’à 10 % de droits d’entrée sur certaines SCPI, des frais parfois salés sur le private equity, et un impôt plus lourd hors enveloppes avantageuses. Autre contrainte : la durée d’immobilisation : certains fonds bloquent l’épargne sur cinq à dix ans. Les performances d’hier, quant à elles, n’offrent aucune garantie pour demain.
Pour traverser ce champ miné, la diversification reste votre meilleure alliée : panachez secteurs et zones géographiques, étudiez la solidité des gestionnaires, vérifiez les conditions de sortie, anticipez les scénarios noirs. Ici, la vigilance n’est jamais superflue pour espérer une vraie performance.
Des stratégies concrètes pour optimiser vos chances d’obtenir 6 % de rendement
Atteindre 6 % de rendement n’a rien à voir avec une ruée chanceuse ou un pari fou. Cela passe par une méthode claire et une discipline sans faille. Les investisseurs chevronnés le savent : la diversification est la première règle d’or. Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier, répartissez vos avoirs entre différentes familles d’actifs, secteurs et régions.
- Misez sur des SCPI à rendement élevé comme Comète (11,18 % en 2024) ou Transitions Europe (8,25 % en 2025), tout en glissant dans votre portefeuille des véhicules plus défensifs, labellisés ISR ou intégrant des critères ESG (NCap Continent, My Share Education, Alta Convictions).
- Associez SCPI d’immobilier d’entreprise et d’éducation, fonds obligataires datés, et pour les plus aguerris, une dose mesurée de private equity ou de produits structurés.
Profitez au maximum des enveloppes fiscales : l’assurance vie, le PER, ou la nue-propriété optimisent le rendement net. La nue-propriété de SCPI, par exemple, permet d’acheter avec une décote et d’échapper à l’imposition sur les revenus pendant la période de démembrement.
Privilégiez également les SCPI sans frais d’entrée (Iroko Zen), ou à ticket réduit, pour multiplier les lignes et limiter la concentration du risque. Analysez la politique de gestion : diversification européenne (Corum Origin, Coeur d’Europe), actifs indispensables (Cristal Life), immobilier logistique (LOG IN).
La qualité de la société de gestion, la robustesse des actifs, la transparence sur les frais et la publication de rapports détaillés sont des critères déterminants. Les SCPI orientées ESG montrent une capacité à naviguer dans les tempêtes économiques et à saisir les opportunités des nouveaux cycles.
La route vers les 6 % n’est pas rectiligne. Elle impose de l’audace, une bonne dose de réalisme, et une vigilance de tous les instants. Mais pour l’investisseur averti, c’est parfois la seule façon de ne pas se contenter d’un billet oublié… et de donner à son épargne la force de traverser les années.